Depuis mon arrivée fin novembre, Maguie
est la résidente la plus présente à l'atelier. Elle fait
aujourd'hui sa huitième séance. Elle est, si ce n'est volontaire,
toujours partante pour me suivre, et s'investir avec confiance dans
le dessin-peinture.
Résumé de ses dernières séances:
18/02
Maguie
revient à l’atelier, en compagnie de madame Bau cette fois ci.
Elle est toujours beaucoup plus calme, ne fanfaronne presque plus ou
ne cherche pas des noises aux autres, en ce lieu en tous cas. Chacune d'entre elles retrouve vite ses marques, ses habitudes, et gagne en autonomie, ce
qui me permet de les accompagner, plus dans la peinture et moins dans
une reconnaissance manuelle. Maguie est un peu perdue car elle oublie
très vite ce qu’elle vient de faire. Mais son geste a gagné en
assurance, et elle en sérénité. Elle s’applique.
L’une
et l’autre disent apprécier le calme du lieu et le repos que cela
leur procure.
(Voir peintures du 3ème accrochage. )
(Voir peintures du 3ème accrochage. )
25/02
Retour 8 jours plus tard. Entourée de quatre autres patients, elle est, cette fois, moins présente, plus inquiète. J’émets l’hypothèse qu’elle est fragilisée face au regard des autres. Comme lors des ateliers précédents à plusieurs, elle n’a de cesse de se plaindre de sa vue qui baisse, et de rechercher mon accompagnement et approbation pou le moindre trait de crayon.
Retour 8 jours plus tard. Entourée de quatre autres patients, elle est, cette fois, moins présente, plus inquiète. J’émets l’hypothèse qu’elle est fragilisée face au regard des autres. Comme lors des ateliers précédents à plusieurs, elle n’a de cesse de se plaindre de sa vue qui baisse, et de rechercher mon accompagnement et approbation pou le moindre trait de crayon.
28/02
Enfin
deux belles loupes nous sont arrivées, que j’utilise aussitôt
pour Maguie.
Elle
y voit donc mieux, par à coup. Mais elle ne dessine plus comme avant. Un
irrépressif besoin d'écrire, et d'écrire pour me remercier, semble
s'être de nouveau emparé d'elle.
La séance est moins riche. Elle trace à nouveau des mots, dans des couleurs
qu'elle sélectionne ou me demande au fur et à mesure. J'essaie de
la guider vers la possibilité d'un tout formant un dessin. Elle n'en
prendra pas, je crois, la mesure.
C'est
décidément dans le calme et en tête à tête, que cela se passe
le mieux. Elle ne montre alors aucune anxiété. Nous sommes uniquement dans le dessin,
par le geste comme par la parole. Concentrée, Maguie trace au
pinceau sans discontinuer. Autour de, et sur son portrait-dessiné (choisi et collé par ses soins).
Elle
tremble beaucoup. Le tracé se fait au son de ces tremblements, clap
clap, blap blap blap blap, clap clap...
Tapotis du pinceau, clapotis de la bouche. Rythmes*.
“Sans
voir“, elle poursuit, à peine interrompue par ses changements de
couleur, rose fuschia et du noir “pour les yeux“, ou par
l'absence brève du pinceau que je lui replonge dans le pot.
Lilas
nous a rejoint et chantonne. Maguie continue, tout de même un peu
fanfaronne. Lilas ne cille pas.
14/03
Immédiatement
concentrée. (Malgré cette fois la présence de deux autres
personnes. Déjà dans le calme du dessin lorsque je l'amène à
l'atelier.) Elle paraît faire quelques années de moins tant dans
son discours que dans son attention et son attitude.
D'elle-même,
en place des rose et violet habituels, elle choisit pour peindre, le
vert et le orange qu'elle reconnaît et nomme. Avant de préférer un
pinceau brosse – qui “se tient mieux“- au poil de poney - “dis
donc il est mou ton pinceau“. Sa mémoire des gestes de peinture
est maintenant bien ancrée: de la façon d'utiliser le
pinceau, entre pot à eau, chiffon, pot de couleur, et papier. Elle
cherche encore mon approbation mais avec, désormais, beaucoup de confiance en
elle.
A suivre.
*Goutte
à goutte. Train
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